Collection d'insignes de l'armée de l'air |
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23 novembre 2024 Bonne fête Clément |
Mai 1944 - Mai 1945
Le 1er juin, le commandement appuie de nouveau sur le déclic, nouvelle série de briefings. Le "GUYENNE" va effectuer la première mission de bombardiers lourds français contre l'ennemi. Dans la salle aux volets clos, la météo est donnée aux équipages. Puis le Commandant de FONT-REAULX décrit l'objectif : une station de T.S.F. dans le fort d'URVILLE, près de CHERBOURG. L'Air Vice Marshall Karr, commandant le 4° Group termine le briefing par quelques mots : "This day is a great day for you". Les équipages s'habillent ensuite. Entourés de leurs camarades qui les regardent avec envie, les douze équipages désignés se rendent en auto-car aux avions et mettent en route. Et pour la première fois, de la piste d'ELVINGTON, des bombardiers français décollent. Il est 22 h 52 lorsque l'équipage du Lieutenant DANNA reçoit le feu vert. Et, successivement, prennent l'air le Capitaine MARIAS, le Capitaine PLAGNARD, le Capitaine BARBE, le Lieutenant BERAUD, le Capitaine PUGET, le Lieutenant BRION, le Capitaine BARON, le Capitaine LECLERE, le Capitaine SIMON, le Lieutenant HABLOT, le Capitaine GRIMALDI.
Le plafond est bas : 1000 pieds. C'est le vol de nuit dans ce qu'il a de plus profond. De toute l'ANGLETERRE, 99 avions, dans la crasse, aussitôt décollent, et aux instruments, se dirigent vers un objectif lointain, et qu'ils ne verront pas : 10/10 ouvert sur tout le parcours. Dès la première mission, le groupe connaît la joie et la fierté technique de ce bombardement aveugle : on quitte de vue la terre et ses lumières cinq minutes après le décollage ; on la retrouve après quatre heures de vol, à l'endroit même où on l'a quittée ; on n'a vu que des nuages et des étoiles, et au sol une station ennemie de T.S.F. s'est tue. Seul, le Capitaine BARON gêné par une panne de boîte Gee, ne veut pas bombarder la FRANCE sans précision ; il "jettisonne" en mer et rentre à sa base à 2 h 30. Les autres atterrissent entre 3 et 4 heures. Pour la plupart, ils ont déjà fait des missions de guerre en 1940 ou en TUNISIE ; mais pour tous, c'est la première fois qu'ils font ce travail passionnant et enthousiasmant, malgré sa minutie et son calme silence. Atterrir à 4 heures, c'est se coucher à 6 heures. Il y a d'abord le "Debriefing" où un "Intelligence officer" interroge chacun sur ce qu'il a fait, ce qu'il a vu, sur le temps qu'il a trouvé, sur les détails de la réaction ennemie. Puis, il y a le repas au "Sergent's Mess" où les oeufs au bacon et l'habituel "discutage du coup" sont de rigueur. En moyenne, les équipages vont se coucher treize à quatorze heures après le début du premier briefing. Le 2 juin de nuit, l'objectif est HARINZELLES, une batterie de 155 près du Cap Gris Nez. Sur l'objectif, une couche de strato-cumulus oblige à bombarder à la lueur des T.I. (Target indicator, bombes éclairantes). Le 5 juin au soir, l'atmosphère du "main briefing" est particulièrement chaude. L'objectif est une batterie de la région d'ISIGNY à MAISY.L'insistance que "l'intelligence officer" met à dire qu'il ne faut pas bombarder la MANCHE et l'excitation des chefs font prévoir que cette nuit est importante. Lorsque, outre de nombreux planeurs remorqués sur 1'ANGLETERRE, les 12 équipages constatent l'activité fébrile qui règne sur la mer, ils comprennent qu'ils vivent enfin l'instant attendu pendant des années. Le K du Capitaine GRIMALDI est poursuivi pendant 3 à 4 minutes par un JU88. Mais sous le tir du mitrailleur arrière, l'adversaire dégage et disparaît. Les douze équipages du groupe reviennent atterrir entre 5 et 6 heures, ayant participé à l'appui direct du débarquement. Et, durant des nuits, le groupe bombardera dans l'obscurité. La FRANCE, on ne la voit pas, on la sent. Et ce n'est pas sans un serrement de coeur que le 6-7 juin, les équipages bombardent la gare de SAINT-LO. Le F du Capitaine BARON est touché de 2 éclats dans le plan gauche, dont 1 crève un réservoir d'essence. La nuit suivante, contre la gare d'ALENCON, l'avion du Lieutenant HABLOT a le nez du fuselage transpercé et 4 balles incendiaires traversent le plan fixe horizontal. Au retour, ELVINGTON est bouché, les équipages connaissent l'ennui de la diversion et rejoignent leur base le lendemain midi. Le 12 juin, l'objectif est la gare d'AMIENS. Le Général VALIN est venu de LONDRES, faire connaissance avec "le travail splendide des bombardiers "lourds modernes". Après les briefings, auxquels assistent également l'Air Vice Marshall, chef d'Etat-major du 4° Group et l'Air Commodore Walker commandant la Base 42, ils assistent au décollage. Après 1 h 15 de vol, le K se pose à WETHERSFIELD un moteur en feu. En FRANCE, la nuit est noire. A l'est de ROUEN, l'avion du Lieutenant GUILLOCHEAU est attaqué par un FOCK-WULF 190, le HALIFAX est touché, la moitié du gouvernail arrachée, un réservoir crevé, une pale d'hélice percée, un obus entre les 2 moteurs droits, le circuit hydraulique endommagé, il réussit à atterrir à CARNARY. Le 14 juin, la mission a lieu contre les blindés allemands à EVRECY. Quatre de nos avions sont pris à parti par des chasseurs mais s'en tirent par de violents "corkscrews" (Tire bouchon). Le 0 du Capitaine THIERS est touché par la DCA dans le fuselage et la dérive. Le 16, c'est encore une mission de nuit, mais pour la première fois, l'objectif est un site de "FLYING BOMB" près de DOMLEGER. Le 19, le groupe reçoit des HALIFAX III et se transforme sur ce nouveau type, bien supérieur aux vieux HALIFAX V légués par le Squadron 77. Le 25, le groupe fait sa première mission de jour sur un site de V 1, à MONTORGUEIL. Le 28, c'est de nombreux camarades que l'on voit descendre en flammes. L'objectif est BLAINVILLE près de NANCY. C'est la première "grande" mission du groupe. Une mission est "petite" si l'objectif est en deçà du 6 degré de longitude EST, "grande" au delà et nécessite plus de 6 h 30 de vol. Les opérations suivantes sont courtes, SAINT MARTIN-L'HORTIER (1er juillet), DOMLEGER (4 juillet). Le 6 juillet, l'objectif est MARQUISESMIMOYECQUES. La DCA est active, de la côte à l'objectif. Le L est touché 2 fois dans le fuselage, le P reçoit plusieurs éclats dont l'un crève le plexiglass de la tourelle supérieure et un autre rend inutilisable le poste radio. La météo est très mauvaise et ceux qui réussissent à se poser à ELVINGTON le font dans des conditions plus que sportives. à suivre......... |
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